22 mars 2009

"Jarnicoton" ou histoire du soir

Tout avait commencé par une petite discussion internetique-tac tic-tac tic-tac alors que l'horloge égrenait ses secondes au beau milieu de la nuit:
- le dernier je ne le connais pas!
- tu n'emploies pas les injures des temps anciens?
- jarnicoton? non, je sais même pas ce que cela veut dire
- remember petit Jedi (oui, je prends ma voix de maitre Yoda là)
- Oki je prends mon air grave et respectueux !
- la dernière fois que tu vouloir contredire maitre Yodalharry sur des mots tu retrouvé toi en tort avoir. Jarnicoton donc
- je ne contredis guère tes mots
- cool
- je te dis que je ne les connais pas, jarnicoton c'est du béarnais?
- Naon!
S'ensuivit ce qui suit.

« Il y a toute une histoire à propos de ce juron, une légende même ... qui parle d'un roi de France ayant tendance à un peu trop jurer ce qui offensait le Ciel et ses tenants (prêtres, évêques, pape, tout ça).

Il faut savoir mon enfant qu'à cette époque là parjurer le nom de Dieu était passible d'enfer selon les textes saints. Oui, ils ne rigolaient pas là dessus tu peux le dire. Bref, ce grand roi, qui portait le nom de ... Henri IV - originaire du Béarn comme tu ne dois pas l'ignorer et même né à Pau et baptisé à grand coup de Jurançon (que dieu garde son inventeur, c'était un saint homme) - mais revenons à nos moutons mon enfant. Ce grand roi là avait alors pour injure favorite "jarnidieu", mélange de béarnais typique et de bas-français médiéval.Ainsi, l'histoire raconte qu'un jour, en descendant de cheval alors qu'il entrait en son bon palais de ... (tudieu, j'ai oublié, mais cela importe peu) il trébucha sur une pierre moins polie que les autres et proféra alors ce terrible juron, au vu et au sus de tous, y compris des gentes dames qui rougirent sous leur fard et s'esquivèrent comme une nuée d'hirondelles à l'approche de l'hiver. Ceci confessé, le bon roi Henri (qui devait se montrer particulièrement pieux vu qu'il devait son royaume à un acte de parjure assez retentissant pour l'époque, un peu comme si Nicolas Sarkozy se convertissait au bouddhisme mais passons) se vit conseiller par son confesseur en chef (oui ils se succédaient à son chevet comme dans une cuisine à la préparation de la poule au pot) un dénommé Coton d'utiliser son nom à chaque fois qu'il voudrait jurer encore au lieu de celui de "Notre père qui est au cieux ..."!!! Ce qui t'en dis long mon enfant sur la mégalomanie de cet homme, père jésuite de son état.

Bref, cela dit, désormais, au lieu de crier "Jarnidieu" (ce qui en bon français de souche donne du "je renie dieu") Henri IV cria "jarnicoton" (ce qui en nom moins bon français de souche donne ... mais tu vas trouver pas toi même)

Et le roi ayant tendance à jurer tant et plus, l'épisode trouva sa place dans notre grande mémoire nationale, à côté de la bataille de Marignan (1515 mon enfant, souviens-en t'en) du baptême de Clovis (à toi de retrouver la date,je ne vais pas non plus tout te faire) et du D-Day de 1944! Voilà, heureusement que quelques vieux conservent encore dans leurs vagues souvenirs des reliques du passé, petits bijoux ancestraux, et tentent de les faire passer aux générations futures!»
Bon, voici dans le détail de la réécriture le résumé du premier opus des Contes nocturnes et historiques de Grand-père Harry. Pour vous rassurer le cas échéant, si je donne du "mon enfant" à tout bout de champ, cela ne présuppose aucun lien direct ou non avec un grand barbu à grosses lunettes (le Père Noël? Non, Fourniret plutôt dans sa version Jon Lajoie); je me mettais juste dans le rôle du grand père barbu, conteur et donneur de leçon.

2 commentaires:

Marine a dit…

Ui Ui l'enfant c t moi donc pas de père noël et ni du Fourniret non mais ho !!
La première histoire de grand père Harry et la seule... :p

Naunaunawak a dit…

Je te porte haut dans mon cœur pour avoir réussi à immiscer Jon Lajoie, bientôt je suis sur que tu réussiras à lui faire l'honneur de le citer dans une de tes chroniques...!

En tout cas on en apprend tous les jours, c'est vraiment Harry-chissant... sans vouloir être sale.

Surtout tu sais que j'aime la chanson qui va avec donc je ne pouvais n'approuver...