10 novembre 2009

Souvenirs berlinois!


J’étais à Check-point Charlie le soir du 9 Novembre 1989. C’est Facebook qui le dit. Donc c’est vrai.
Avant toute chose il vous faut savoir ceci : depuis que je suis petit, du fait de mon patronyme, mon surnom est tout trouvé. Ce sera Charles, ou Charlie, rapport à un lointain ancêtre et à des arabes à moitié arrêtés ; ancêtre lui-même issu d’une tribu germanique. Et vous révéler que je ne suis pas totalement étranger au nom du lieu de passage entra RDA et RFA n’est pas dévoiler des secrets d’Etat. Enfin bref passons. Lorsque la rumeur a atteint mon lieu de villégiature en 1989, quelques jours avant la Chute, j’ai sauté dans le premier jet en direction de Berlin, éprouvant à nouveau la sensation que j’avais eue lorsque j’avais fait sauter le blocus berlinois quelques décennies auparavant. Oui, il va de soit que je pilotais moi-même à l’époque ; car, abreuvé de littérature héroïque depuis mon plus jeune âge, je savais ce que je voulais faire plus tard : comme un héros très discret, « je serai un héros ». Et j’avais donc suivi une formation intégrale d’héroïsme comprenant le pilotage, le maniement d’armes de toute sorte, les principes de base de la guérilla urbaine et montagnarde (je reviendrai là-dessus bientôt), le sens de la formule historique et deux trois autres choses comme les langues étrangères.


Bref, me voilà à quitter la Chine à toute vitesse, à bord d’un aéroplane volé, enfin emprunté, au régime communiste dont je venais de lancer la réforme en profondeur. Faisant escale à Copenhague, je contactais mes informateurs européens histoire de me mettre à jour. J’avais du faire le tour du monde et passer par le Groenland, car à l’époque on ne pouvait survoler l’URSS sans risques. L’un d’eux me dit que les mouvements dans Berlin-Est se faisaient de plus en plus nombreux, et que, chose surprenante, le régime laissait faire. Le temps de faire le plein du jet et me voilà en route pour Berlin, persuadé qu’il allait se passer quelque chose, mais quoi ? Après avoir trainé dans la ville, pris un verre Unter den Linden, je me dirigeais vers le Mur. La nuit était encore jeune (il devait être 18 heures) lorsque je me présentais à Check-point Charlie avec la ferme intention de passer à l’Est. La sentinelle était jeune et ne m’a pas reconnue, mais elle ne fit pas d’histoire. Berlin-Est.
« Une dictature, c’est quand les gens sont communistes. Déjà. Ils ont froid, avec des chapeaux gris et des chaussures à fermeture éclair. C’est ça une dictature Dolorès » (OSS 117 Rio ne répond plus)
Les rues fourmillaient de monde. Partout des gens l’air déterminé, quelque chose se passait ; une fois encore mon instinct ne m’avait pas trompé. Après quelques tergiversations, c’est vrai après tout, je n’étais pas revenu à Berlin depuis la lecture de mon discours « Ich bin ein Berliner » par Kennedy en Juin 1963 ; je décidais de faire tout mon possible pour fournir le petit plus qui manquait au mouvement. Improvisant un discours devant les VoPos ébahis, citant tour à tour Brecht, Marx et Eluard, je sentis monter de la foule un grondement terrible. Alors je compris que ça y était, que le Mur allait s’écrouler, que plus jamais on ne ferait des gens « just another brick in the wall ». J’étais encore bien jeune. Saisissant la pioche qu’un ouvrier me tendait, j’en fis un étendard et la levant bien haut dans le ciel nocturne de Novembre, dans un instant d’extase, j’haranguais le peuple.

La suite ? Vous la connaissez. Elle est dans tous les journaux, à la télé, sur Internet, à la radio. Les effusions, les suites de Bach, les promesses d’un jour nouveau, les ruines du mur, et notre Président y allant de son coup de burin.
Réécrivons notre histoire, racontons des histoires.
Être là quand l’histoire se fait, quel pied. Le seul problème c’est qu’il s’agit d’une construction a posteriori, nul ne se dit « tiens, allons faire l’histoire maintenant » en prenant son café (enfin, si les entraineurs de sport avant un match capital peuvent se servir de ce discours pour motiver leurs ouailles, et les héros-de-films-hollywoodiens sont aussi tout à fait capables de sortir ce genre de formule). Le 9 Novembre 1989 à l’heure du petit déj, qui pouvait se douter du choc qu’allait prendre le monde dans la soirée ? A part Notre Président (« qui êtes aux Cieux, que Ton Nom soit sanctifié blabla … ») s’entend.

Personnellement je n’ai pas été témoin de grand-chose pour le moment, si l’on omet les grandes manifestations unitaires où l’on a certes l’impression d’être vivant et de faire partie d’un monde en marche, mais pas vraiment de voir l’histoire se dérouler sous nos yeux. Récapitulons, depuis ma naissance j’ai raté Tien An Men, la chute du mur de Berlin, la signature des accords d’Oslo, celle du protocole de Kyoto, et pas mal d’autres choses … J’ai bien suivi avec effarement le 11 Septembre 2001 mais par la procuration d’un poste de radio en rentrant de cours un midi. Idem pour l’élection du prix Nobel de la paix, je ne pourrais pas dire à mes petits enfants « j’y étais, j’ai entendu Aretha Franklin chanter, et vu un peuple communier dans l’espoir » Voyons voir, j’ai vraiment vécu de l’intérieur les élections municipales de Pau en 2008 en dépouillant les votes et deux trois autres choses du même acabit. Rien de bien exaltant.
« Les plus belles vies sont celles que l’on invente » (Un Héros très discret, Jacques Audiard)
Soyons compréhensif avec Mister Président, l’histoire telle qu’il la raconte est plus belle. Et elle justifie a posteriori son futur statut de héros européen (image à l’appui). D’ailleurs je crois que je vais faire comme lui, raconter des histoires. Inventer des vies. Mais des belles, des auxquelles on voudrait croire. Des avec des histoires d’amour, de la musique à n’en plus finir, des rebondissements abracadabrantesques, des méchants très méchants et de la vodka russe.
« Des choses qui n'ont rien en commun ont pourtant ceci de commun : qu'elles n'ont rien en commun. » (Philippe Geluck)
« Grand père, grand père, raconte nous encore comment c’était la chute du Mur de Berlin » « D’accord les enfants, mais après vous allez vous coucher. » « Promis » « Alors voilà. Il était une fois, en 1989, un futur président polonais, Lech Walesa, qui savait que la Pologne obtiendrait l’organisation de l’Euro de foot 2012. Or qui dit évènement de cette envergure dit besoin d’infrastructures. Qui dit infrastructures dit autoroutes. Et qui dit autoroutes dit béton. Il s’est donc arrangé pour trouver du béton de qualité pour un prix dérisoire. Où ? Devinez. Et voilà, les enfants, la véritable raison de la chute du mur de Berlin ! »

3 commentaires:

Virginie a dit…

J'adore, je suis fan, je dit oui ! Vive le pantin qui nous gouverne ! Vive les mensonges a ces cons de francais qui vont les gober! Et surtout vive les journalistes qui font quelques recherches et nous font part de la VRAIE verite.
La jedi, maori et aborigene qui est fiere d'avoir accueilli Captain Cook sur son territoire.

Naunaunawak a dit…

"J’ai bien suivi avec effarement le 11 Septembre 2001 mais par la procuration d’un poste de radio en rentrant de cours un midi."

Cher ami, je ne sais si tu cherches à piéger ton lectorat ou à jouer avec lui, mais nous ne sommes pas dupes... Soit tu étais au courant avant (parce que tu avais senti de l'agitation dans un camp d'entrainement du Moyen-Orient qui sait?), soit tu te moques de nous.

Les événements s'étant produits vers 9h du matin heure de New-York, donc 15h heure du piémont pyrénéen, explique moi comment tu pouvais écouter le récit des événements à la radio le midi..?

Bien joué mais tu ne nous auras pas! Ton lectorat n'est pas aussi crédule que l'électorat du nabot qui essaie de nous gouverner!

Un Certain Mr Klm's a dit…

Toi mon gars va pas falloir me chercher! je serais presque tenté de caser un "casse toi pov c**" du plus bel effet, mais on l'a déjà fait!
Qui t'a dit que j'étais en Frankreich ce jour là? Je rentrais de cours sur le terrorisme judeo-islamique près de la synagogue centrale de New York (tu sais, sur l'île au milieu de la ville, tu vas un peu à gauche, tu t'engage dans la première ruelle à droite et t'y es!)
Autre explication moins funky: étant près de l'Espagne,j'en avais adopté les coutumes en matière d'horaires; et pour moi c'était un beau midi ("ou peut être une nuit, ... près d'un lac, je m'étais endormi")