24 janvier 2009

Au temps en emporte le vent!




"Il parait qu'une tempête s'est abattu sur le grand Sud-Ouest au cours de cette nuit, vous avez entendu quelque chose vous?" Voilà la formule de mon coloc' au réveil ce midi. Un simple coup d'œil par la fenêtre en disait plus long que le plus castriste des discours: les élagueurs s'attachant à nettoyer la place des branches de platane tombées au cours de la nuit, le vent poursuivant sa tache destructrice sur de nombreuses toitures et deux trois passant hagards marchant d'un pas mal assuré à travers les bourrasques. Nous voilà rassurés, une chose est désormais certaine, Arnold n'a pas trop le sommeil léger, plutôt du genre à ne pas se rendre compte que l'immeuble s'effondre et à demander alors comme le professeur Tournesol dans Objectif Lune "on a sonné?"

Mais racontons un peu cette petite tempête, ayant par ailleurs causé l'interdiction à tout véhicule de circuler dans les Landes une journée durant. Pour avoir été dehors alors qu'elle battait son plein (l'explication suivra) vers 6h du matin, je me suis bien amusé: pour la première fois de ma vie je me suis réellement senti appuyé par une force invisible qui m'empêchait de tomber et me poussait à aller de l'avant. Après, les rues et ruelles de Bordeaux de mon itinéraire de retour ressemblaient à s'y méprendre à celles de New York après la passage de King Kong ou de la Nouvelle Orléans après Katrina: poubelles renversées et éventrées jonchant le milieu des rues, tuiles et ardoises se mélangeant indistinctement pour une fois sur les trottoirs, et branches bien entendu, branches brisées, branches tombées mais branches remuant encore dans un ultime sursaut de vie pour exécuter une danse macabre, marionnettes d'un vent déchainé.

Que faisais-je un samedi matin pluvieux vers six heures dans les rues de Bordeaux alors que le vent soufflait dans les 167 km/h? That's the question! Je rentrais tranquillement d'une "petite soirée" avec un ami. Évidemment. Et d'un certain côté je crois que c'est moi qui ait déclenché la tempête. Laissez moi m’expliquer avant de me vouer aux gémonies avec le bizarrement nommé Klaus (disons que je n’aurais pas nommé une tempête du même prénom qu’un génocidaire nazi moi, ça ne le fait pas trop). En fait si je ne suis pour rien dans la tempête elle-même, je crois que j’aurais pu me rendre compte qu’elle allait venir, et tel Arthur Petrelli dire d’un ton sinistre en regardant le ciel « it’s coming … ». Je sais, j’en fais trop mais laissez moi m’expliquer : étant invité à la soirée dont je suis revenu alors que Klaus battait son plein et les toitures, je m’apprêtais à m’y rendre en compagnie d’un coloc, d’un ami et d’une paire de bouteilles. Et un petit conseil pour les néophytes doublé d’une constatation rigoureusement scientifique et triplé d’une énigme : une bouteille de vin rouge et une bouteille de vin blanc sont sous un bras, elles s’entrechoquent, laquelle finit en miette ? Et oui bien sur, là encore « red is dead » comme dirait Serge Karamazov-aucun-lien-fils-unique, ou plutôt « red is sur mon lino de l’entrée et mon pantalon blanc » En débutant une soirée ainsi, l'on est en droit de s'attendre au pire pour la suite, non? De là à penser à une tempête, il n'y a qu'un pas que je fus loin de franchir. En revanche nous franchîmes la porte une fois les dégâts circonvenus et partîmes donc pour cette soirée, dont je dois citer le thème : « détail qui tue », chacun s’étant efforcé un tantinet de correspondre à cette description. Et là rebelote, un nouvel avertissement dont nous ne nous souciâmes guère. A votre avis, trois personnes en long manteaux noirs, l’un portant un chapeau de cowboy en cuir, le second une casquette old-school faisant penser aux sombres heures de l’Occupation et le troisième ayant une bouteille de vin blanc dépassant de la poche (et encore, heureusement que le vin rouge avait eu un désagrément), déambulant dans les rues de Bordeaux dans le nuit sont ils louches ? C’est toutefois ce qu’ont du penser les policiers patrouillant dans la rue car ils ont interrompu leur patrouille pour nous accompagner sur une quinzaine de mètres, nous dévisageant comme les enfants regardent les singes au zoo, à travers les vitres de leur voiture. Puis, a priori satisfaits de leur examen ils ont remis les gaz et nous ont abandonné. Raconter la soirée serait trop long et fastidieux, sachez seulement qu’elle s’est bien déroulée, que nous avons parlé de tout (comme par exemple de la situation dans la Bande de Gaza) et de rien (avec par exemple un classement des plus jolies James Bond girls où nous ne parvînmes pas à un accord, chacun restant sur ses positions après un débat argumenté et arrosé de bien trois quart d’heure), et que mon t-shirt « des tailles qui tuent » imaginé au cours de quatre longues heures de cours et faisant œuvre de pub pour ce blog a fait son petit effet, pas de ma faute après tout si j’ai mal compris l’intitulé de la soirée, non ?

Bref, passons sur la soirée, et nous voilà donc de retour au commencement, dans la rue en tout début de matinée, à essuyer les assauts d’un vent pour le moins violent. Pas de bobos pour nous, justes des jolies images gravées dans la tête de poubelles éventrées, de tuiles au sol etc. Et le lendemain Bordeaux after the storm était sympathique. Oui, je sais, je suis bizarre avec ma manie à aimer la pluie et le vent, voir même à me complaire à me promener par ces temps la nuit. Mais ceci est une autre histoire, et puisque j’écris ces mots, vous devez avoir compris après tout cet article que nous survécûmes par miracle (normal, quand on se sent poussé par une force invisible, il y a du miracle dans l’air, non ?) et rentrâmes dans nos pénates pour nous ressourcer en vue de nouvelles aventures. Et sur ce quelques mots qui me vaudront surement une excommunication expiatoire, je vais vous laisser en vous rappelant la morale de cet histoire :
Enfants, méfiez vous des bouteilles de vin rouge, elles explosent !

Aucun commentaire: